En Indre et Loire, les animaux victimes de morsures de serpent le sont en quasi-totalité par une vipère Aspic, active du mois de mars jusqu’au mois de novembre. La période à risque s’étend donc du printemps à l’automne.
La vipère ne mord que lorsqu’elle se sent en danger ( elle ne pique pas ! ) . Face à un prédateur inévitable, elle se met en boule et se défend d’une potentielle attaque en sifflant avant de se lancer comme un ressort contre son agresseur. Les chiens se font souvent mordre à la faveur d’une promenade, en s’approchant trop près d’une vipère, parfois sans même s’en rendre compte. La vipère n’ayant pas perçu ou trop tard l’arrivée de ce potentiel danger, n’a pas eu le temps de fuir et attaque pour se défendre.
Certains chiens paient cher leur curiosité à l’égard de ce drôle d’animal qu’ils ont parfois juste voulu aller renifler ! Les chats se font plus souvent mordre lorsqu’ils tentent d’attraper le serpent, pendant un acte de prédation.
On sait que la vipère « économise » son venin pour ses proies et en injecte peu pour sa défense.
Cependant, en fonction de l’âge du chien ou du chat, de leur état de santé, de leur sensibilité individuelle, de la localisation de la morsure, de la quantité de venin injectée, les conséquences de la morsure peuvent être de bénignes à gravissimes. Une visite chez le vétérinaire est donc fortement recommandée ainsi qu’un suivi dans les heures et jours suivants en fonction de l’évolution ou de la survenue des symptômes.
Les fausses bonnes idées et idées reçues :
- Le sérum antivenimeux disponible dans les hôpitaux humains est spécifique de chaque espèce de serpent .Il n’est pas utilisé en médecine vétérinaire.
- Il est proscrit de tenter d’aspirer le venin avec la bouche car la substance toxique est susceptible de vous contaminer. L’utilisation d’un appareil d’aspiration à venin est également aujourd’hui reconnu comme inutile.
- Ne pas faire de garrot car le risque est d’accentuer la destruction locale des tissus. De plus, le venin se propagera rapidement dans le corps dès qu’il sera retiré.
- De même, ne pas inciser la morsure au risque d’accroître la dissémination du venin dans l’organisme et de blesser votre animal.
- Ne pas mettre d’alcool ou d’éther sur la plaie, plutôt de la teinture d’iode ( bétadine) et des compresses d’eau froide pour apaiser la douleur dans un premier temps ( l’utilisation de glace est controversée )
- Restez calme, portez votre animal ( s’il n’est pas trop lourd ! ) pour limiter la diffusion du venin dans le corps et appelez votre vétérinaire pour prévenir de votre arrivée et qu’il puisse se rendre disponible le cas échéant.
Le 11 février 2021, un nouvel arrêté fixant la liste des reptiles protégés en France métropolitaine a été publié dans le Journal officiel. Le texte interdit de tuer, capturer ou déranger l’ensemble des espèces de serpents présentes sur le territoire. Toute personne outrepassant cette interdiction encourt une peine de 3 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.
Victime de leur mauvaise réputation, de la destruction de leur habitat, de l’intensification de l’agriculture, du broyage mécanique et du nettoyage excessif des surfaces de cultures et des lisières détruisant friches et ronciers propices à leur survie, les serpents ( et donc bien sûr les vipères), dont le rôle est pourtant indispensable et primordial dans la chaîne alimentaire et dans l’équilibre de notre écosystème, ont encore du mal à se faire accepter dans l’esprit du plus grand nombre !
Soyez donc vigilants lors des promenades, ne laissez pas divaguer votre chien dans les hautes herbes ou en dehors des sentiers, faites du bruit en marchant ( les serpents sont sensibles aux vibrations).
Au cas par cas, les pompiers peuvent également intervenir si vous trouvez un serpent dans votre habitation. Si l’animal est dans votre jardin ou sur votre terrasse et qu’il s’agit d’une espèce autochtone ( vous pouvez le photographier pour faire le cas échéant une identification d’espèce), le mieux est de ne pas intervenir et de le laisser repartir. Bien entendu, tout cela est au cas par cas ( présence ou non de jeunes enfants ), mais n’oublions pas que nous sommes aujourd’hui entrés dans la sixième extinction de masse des espèces, que le rythme de cette extinction est nettement accélérée par nos activités humaines et qu’il est devenu plus qu’urgent de repenser notre rapport avec l’environnement et la biodiversité.